Notre histoire

 « Ce qui est constitutif de cette vocation et lui donne tout son poids, est son fondement historique. En effet, cette vocation a existé dès les premiers siècles de l’Église et fait partie de la tradition » (Janine Hourcade)

Les premières vierges chrétiennes (fin Ier siècle et IIe siècle)

Dès la première génération chrétienne, celle des Temps Apostoliques (qui va de la seconde moitié du Ier siècle à la fin du IIe), il existait déjà dans l’Église primitive des formes de vie consacrée : des femmes choisirent volontairement la chasteté et la virginité perpétuelle comme don fait à Dieu en vue du Royaume des Cieux (Voir les Actes des Apôtres 21, 8-9, la Lettre à l’Église de Smyrne de Saint Ignace et le témoignage de Saint Justin dans sa Première Apologie, pour ne citer que ces exemples).

On ignore cependant la manière dont les vierges entraient dans leur état : par un vœu privé ou devant la communauté ? Lors d’une réunion cultuelle ou non ? « La plus grande réserve s’impose en l’occurrence, d’autant plus que la notion même de vœu est encore bien vague… » (René Metz)

Situation au IIIe siècle

C’est à cette époque qu’en Orient pour la Syrie et la Palestine, comme en Occident pour l’Afrique, tout commence à se préciser : des groupes de femmes adoptent une vie d’ascétisme et de chasteté en référence à l’enseignement évangélique, sans pour autant s’isoler du reste du monde. Leur nombre s’accroît rapidement.

La virginité consacrée est mise à l’honneur. Un vocabulaire propre pour les désigner apparaît :

  • vierges saintes (virgines sanctae),
  • épouses du Christ (sponsae Christi), alors que ce titre était réservé auparavant à l’Église seule (2 Co 11, 2 ; Ep 5, 23 ; Ap 21, 2-3)
  • servantes du Christ (ancillae Christi)

Parmi les documents de cette époque citons entre autres : pour l’Afrique le Traité sur le voile des vierges de Tertullien, et celui de Saint Cyprien Traité sur le vêtement des vierges ainsi que certaines de ses Lettres, des écrits de Clément d’Alexandrie et surtout d’Origène pour l’Égypte et pour l’Asie mineure, l’ouvrage du Banquet de Méthode d’Olympe également pour l’Asie mineure, enfin l’auteur des Lettres pseudo-clémentines aux vierges pour la situation en Égypte, en Syrie ou en Palestine.

Au IVe siècle : premières traces d’un rite de consécration et l’Ordre des vierges

Ce n’est qu’un peu plus tard, au IVe siècle, qu’apparaît un peu partout un rite liturgique, appelé velatio (remise du voile) ou benedictio ou consecratio – la terminologie définitive de consecratio n’en sera fixée que très tardivement, au XXe siècle -.

Ce rite vient apporter un sceau de Dieu, par l’autorité de l’Église, à l’engagement personnel, libre et irrévocable, de la vierge à la continence perpétuelle pour le Seigneur en vue du Royaume de Dieu : son engagement public et solennel à la virginité est appelé propositum virginitatis (ferme propos de virginité) et le ministre de cette consécration est exclusivement l’Évêque du lieu, règle qui sera maintenue jusqu’à nos jours.

Et c’est aussi au IVe siècle qu’à côté de “l’Ordre des veuves” et de “l’Ordre des diaconesses” se constitue “l’Ordre des vierges”, qui n’est pas à prendre au sens des ordres religieux, qui d’ailleurs n’existent pas encore comme tels, mais à prendre au sens du vocabulaire des institutions civiles de la Rome Antique qui désignait par ce mot les corps constitués.

Les Ve et VIe siècles : dans le monde et dans les monastères

Si cette époque est marquée par la floraison de la vie monastique implantée à la fin du siècle précédent, les vierges consacrées vivant dans le monde n’ont pas pour autant disparu. Les preuves en sont nombreuses à Rome, comme le rapporte le pape saint Grégoire dans ses Dialogues ; ailleurs également, comme en Gaule avec la plus célèbre d’entre elles, sainte Geneviève, et d’une façon plus générale dans les pays germano-francs. 

Dans les siècles suivants, si leur nombre va en diminuant, l’institution du rite demeure. Mais c’est le déclin : les vierges vivant isolées dans le monde deviennent de plus en plus rares, en raison souvent de l’insécurité, au point de disparaître quasiment après le Xe siècle, où la consécration n’est plus donnée qu’aux professes perpétuelles dans certains monastères. 

Le XXe siècle : de l’interdiction du rite à son renouveau

Mises sous le boisseau en 1927, au moins pour les femmes menant la vie indépendante dans le monde, il faudra attendre Vatican II pour que, à la demande de ce dernier, une remise à jour de cet ancien rituel soit faite, rituel qui sera promulguée le 31 mai 1970, où il est précisé : « On peut admettre à cette consécration, soit des moniales, soit des femmes vivant dans le monde »

« C’est l’institution primitive de la consécration particulière des vierges vivant dans le monde sous la responsabilité de l’évêque diocésain qui a été redécouverte et finalement autorisée à nouveau au XXe siècle selon un statut spécifique que protège le droit canonique » (Père René Metz, La Consécration des vierges : hier aujourd’hui et demain, Cerf 2001, quatrième de couverture).

L’Ordre des vierges en ce début de XXIe siècle 

L’Ordre des vierges qui, historiquement, est de façon indiscutable la première forme de consécration, est porté de nos jours par le contexte actuel de la femme dans la société. Aussi cet Ordre semble appelé à se développer dans l’Église du XXIe siècle, ce qui est déjà commencé. Deux congrès internationaux ont eu lieu à Rome, l’un en 1995 sous le pontificat de Jean-Paul II pour les 25 ans de la promulgation du rituel rénové, et l’autre en 2008 sous le pontificat de Benoît XVI. 

Beaucoup peuvent s’étonner de cet « ordre », qui est sans fondateur à proprement parler, sans supérieure au sens strict, sans communauté, sans structure, sans règle, sans apostolat déterminé…

Mais chaque vierge consacrée se veut être « signe » à sa manière, de par sa virginité consacrée, des épousailles du Christ et de l’Église, en rappelant en permanence que les noces de l’Agneau sont le but ultime du projet créateur (Ap 22, 20). 

Photo © Elisabeth Vilain

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